mercredi 31 décembre 2008

Fin d annee et vengeance artistique


2008 s acheve d ici quelques heures et me voici resolument tourne vers l avenir, vers mon avenir, vers les bons augures de 2009...
En attendant de plus amples explications je vous souhaite une bonne fin de preparation du reveillon et appreciez, vous les metropolitains, la chance que vous avez de pouvoir consommer si facilement du fois gras...

Illus: Georges Bigot (1905)

mardi 11 novembre 2008

Ouzbekistan, denouement



Samarkand:

Nous consacrons notre mardi a la visite de la ville. Les sites religieux ancestraux, les mausolées de grands rois oubliés, de philosophes occultes, de dauphins décédés de malemort, de femmes splendides, jalousement et pieusement aimées, les écoles coraniques et autres glorieux lieux immemorés sont légions dans cette ville séculaire innondée de soleil et baigne de sable céleste.

Le mausolée de Guri Amir:
Grande porte d entrée sur la cour du mausolée assez massive, toute mosaiquée dans des tons bleus et blancs. Le linteau est en cours de rénovation. L enceinte extérieure purificatrice est détruite, seuls restent la chambre funéraire et quelques couloirs adjacents. Le plâtre neuf de ces corridors contraste grossièrement avec la finesse des motifs infiniment détaillés des fresques intérieurs bleues et or de la chambre mortuaire. 5 sarcophages au centre de cette pièce carrée surmontée d une profonde coupole chamarrée d arabesques étincelantes. 4 alcôves pour la méditation et la prière.
Nous ressortons par une petite poterne derrière la chambre et apprécions le riche bleu turquoise du dôme extérieur.

Mausolée de Luhabade:

Murs de la cour extérieure en bon état, pour mieux cacher la décrépitude du lieu.Quelques boutiques occupent d anciennes pièces percées a même les murs, l enceinte du fond n existe plus, le mausolée principal est en ruine, la pierre brune est a nue. Impossible de pénétrer le lieu. Peu d intérêt.

Le Registan, 3 madrasahs (école coranique):

Une place carrée circonscrite sur trois cotes par de gigantesque portes (iwan) donnant chacune sur une cour ombragée par un jardin central. Les murs des cours intérieurs renferment les lieux d habitations des élèves, une simple chambre nue au mur de chaux. Une pièce légèrement plus grande que les autres dotée d une cheminée et de quelques étagères était attribuée au professeur. Les cours se donnaient dans la plupart des cas dans la chambre du professeur. La porte y est basse et les murs épais pour favoriser une isolation salvatrice pendant l écrasant été et l effroyable hiver sibérien qui recouvre cette partie du monde.
Désormais tout est habité par des vendeurs de souvenirs enlaidissant l aura du monument mais le gratifiant de couleurs éclatante et lui redonnant vie.
Chaque cour a sa spécificité:
A gauche de la place, dans la Madrasah d Ulugh Beg:
Une des plus grande université coranique du 15eme siècle, les murs protègent des dortoirs, une petite mosquée et originellement 4 darskhonas (salle de lecture). Deux élégants minarets domine le spectacle. De chaque cote de la cour, pour répondre a la résonance de l Iwan principal, un autre Iwan mosaïquée harmonise l ensemble. L un d eux contient un ensemble de statues représentant Timour (1er roi de Samarkand de la dynastie des Timourides, initiateur d une grande Samarkand artistique et culturelle), ses conseillers et Ulugh beg, grand astronome et mystique, fondateur de l école. L obligatoire barbe et les turbans identiques les rendent inidentifiables. Les seuls positionnement nous transmettent leur statut social et nous apprennent leur identité.

Au centre, la madrasah de Tillya-Kori:
Élevée au 17 eme siècle, elle imite parfaitement l architecture de la madrasah d Ulugh Beg. A l intérieur, sur le mur de droite, une ouverture béante appelle le fidèle a se recueillir dans une mosquée aux fines enluminures bleu et or. La coupole de 20 mètres environ est un superbe océan outremer nuancé de flavescences de vieil or.
La frondaison du jardin intérieur nous offre de larges étendues ombragées. L air y est frais, protégé et épuré de cet implacable sable habituellement viciant l atmosphère de la ville. Nous nous y reposons et discutons avec un Ouzbek anglophone et érudit. Il nous conte l histoire du lieu, du pays, les faits et légendes célèbres de Samarkand et de la grande dynastie des Timourides. Nous y apprenons entre autres que la place du Registan était autrefois tristement célèbre pour les empalements qui y avait lieu. Le nom de la place vient d ailleurs de l adjectif "ensablé" en Perse, car des monceaux de sable y était déversés pour absorber le sang des condamnés ruisselant sur le marbre...

A droite, Madrasah de Sher-Dor
Bâtie au même moment que celle de Tyllia Kori, l iwan principal est célèbre dans le monde mahometan car surmonté d une blasphématoire représentation de créatures vivantes (ici un tigre, un soleil et une biche), sujet rigoureusement interdit sur tout édifice religieux musulman.
Le bâtiment est lui en cours de reconstruction. Beaucoup de ruines. Mosaïques non achevées.

Mosquée Bibi Khany:

Après déjeuner nous nous dirigeons vers cette titanesque mosquée. Les murs extérieurs sont en bon état si l on les compare a l intérieur. En effet les autorités se sont concentres sur la reconstruction apparente de l édifice. Ainsi la Grande porte, démesurée, pour accéder a la cour intérieure est belle, achevée, colorée, mosaïquée, lourde.
Le jardin est grand mais pauvre. Autour rien. Le bâtiment principal est impénétrable et tremble dans ses proportions dantesques faussement harmonieuses. Les mosaïques ne font que rajouter une charge inutile a l ensemble. Les deux édifices a droite et a gauche de l entrée ont visiblement brulés et les peintures premières transpirent a peine des murs noircis. Deux ouvriers esseulés s attache a la rénovation du site.

Bazar:

Il y a la plus de monde, de cris, d odeurs que dans le reste de la ville. Moins grand que celui de Nukus. il offre aussi moins de dépaysement. L odeur méphitique des ordures en putréfaction dans les caniveaux nous fait fuir.

Nécropole coranique royale du 11eme au 16eme siecle Shah i Zindeh

Au sortir d un escalier hautement symbolique, une vingtaine de mausolées alignés et se faisant face forme une rue d architecture édénique. Les tombeaux se renvoient leurs harmonies endommagées. Une série de princes, princesses, reines et rois offrent a l intéressé les merveilles de leurs dernières demeures éternelles.
L éblouissement est bleu, constant, profond, serpentin, divin et historique. La magie des milles et une nuits anime cet intraduisible paysage.

La vieille ville.
Nous rejoignons notre hôtel en nous échappant des artères principales et en outrepassant l obscénité affichée des murs cernant la ville pauvre et cachant la réalité au touriste béat.
La vieille ville est crasse, abandon, vie et joie. Les enfants comme les gérontes nous apostrophent dans le seul anglais qu ils connaissent: Where are you from? Ils veulent parler communiquer, échanger mais notre méconnaissance du dialecte local est trop parlante et après quelques sourires confus et quelques dialogues absurdes nous reprenons l exploration de ces bas fonds. Les maisons sont de brique, sans isolation apparente, les trous dans les murs sont légions et les cadres des fenêtres ne se fondent pas dans l ossature des maisons. Les rues sont par endroits goudronnées, sinon de terre, totalement laissées a l abandon. Les crevasses se joignent aux mondrains pour empêcher toute voiture de pénétrer ce quartier perdu si opposé a la richesse antique exposee a l extérieur.
Beaucoup de charme humain et d exotisme morbide.

Après le diner repos sur un banc place du Registan. Rencontre de locaux, beaucoup d enfants et de rires aux éclats partages. 2 heures de bonheur oublieux de l incompatibilité de nos idiomes.

Le lendemain sonne le glas de notre trop court périple ouzbek. Retour en train a Tashkent. Manquons de rater l avion pour Athènes du au fanatisme sécuritaire exacerbant et incompréhensible des douaniers et policiers ouzbeks avant l embarquement.
Arrivée a Athènes a 19h00. Nous descendons a l hôtel Delta, hôtel au charme désuet, rustique et modeste pour un prix convenable.
Sitôt pris possession de la chambre, nous nous endormons écrasés par le poids des kilomètres engloutis et des souvenirs magnifiquement glanés.

vendredi 31 octobre 2008

Ouzbekistan acte 4



Dimanche, ruee sur Samarkand, asile temporaire de l illustre Omar Khayyam.

Arrivee a Tashkent a 14h10. Negociation rapide et efficace avec un taxi qui nous emmene au point de rendez vous de tous les voyageurs du pays qui souhaitent economiser leurs precieux Soums: la gare de Sabir-Lahimof ou s organise un monstrueux covoiturage national. Nous y parvenons bientot et trouvons un chauffeur apres cinq minutes de palabres desordonnees en anglo-ruso-ouzbek au coeur d une foule compacte, rageuse et incomprehensible... Nous nous installons dans la voiture et attendons le dernier co-voyageur. Nous sommes deja 4 avec le chauffeur. Peu de temps apres, un ouzbek puissant et affable me demande tranquillement de lui faire de la place. Il s installe avec son fils d environ 7 ans sur les genoux... Notre voyage de 281 km jusqu a Samarkand s effectuera donc a 6 dans la petite coreenne a moteur a gaz (comme la plupart des transports ici, l Ouzbekistan etant un producteur important de gaz naturel)
Le depart est a peine prononce que deja nous regrettons ce moyen de transport tres economique (20 dollars). Dans le premier virage le chauffeur lache le volant, fait une priere paienne et accelere pour rentabiliser sa journee. Je le soupconne de faire 2 ou 3 fois l aller-retour par jour.
Notre conducteur aime la vitesse et aime eprouver son destrier moderne. Il doit connaitre l'histoire de son pays et la fait sienne. Il charge comme a pu le faire, 15 siecles plus tot, Alexandre le Grand. Samarkand est deja notre... Notre inconfort spartiate ainsi que notre peur visible et audible le confortent et le font sourire.
Il est conquerant, temeraire et ne s offusque pas du surpoid dans le vehicule qui le fait devier a chaque virage trop serre. La surcharge lui donne meme des ailes plombees, le fait courrir ventre a terre sur le bitume defonce d une nationale qui n est qu un enorme nid-de-poule...
L epreuve dure 3 heures. Le paysage est mediterraneen au sortir de Tashkent et me rappelle une antecedante traversee d Espagne. Peu de depaysement.
Apres 2heures de route les plaines et collines symboliques des paysages mongoles font leur apparition sous nos roues. Le tableau est mou, mouvant, ocre, vide de vegetation; fascinant.



Samarkand:

Nous arrivons directement sur la grande place de la ville, le Registan, symbole dantesque de l architecture coranique ouzbek du 15eme siecle.
Trois batiments oblongs se font face sur trois cotes d une grande place carree. Tous dotes d une titanesque porte mosaiquee (Iwan), a droite comme a gauche ils sont dote de deux minarets elances disposes symetriquement autour de la porte centrale pendant que celui qui nous fait face est surmonte sur sa gauche d un dome d un bleu turquoise imaginaire.
Le tout est sublime, indicible. L impression qui me gagne transcende ma raison, regardant les trois harmonieuses portes se devetir de leurs secrets esthetiques je sens monter du fond de moi un sentiment de bonheur solennel. Les coups d oeil et de passion nous suffisent pour ce soir et allons chercher un hotel. Nous le trouvons 500 metres plus loin, dans une rue sans bitume. Le proprio est un Ouzbek rustre mais jovial, chaleureux. De la terrasse de notre chambre nous apercevons la silhouette incandescente des mosquees surplombant la ville de leurs interminables et gracieux minarets.
Diner delicieux dans une taverne locale particulierement animee. Un mariage est celebre un peu plus loin, dans un restaurant occidental. La musique couvre nos paroles, les invites sont legions, les femmes portent des habits d or et de rubis et me font penser a ces chameaux couverts de piastres d or que l on exhibait au cours de ces memes noces il y a 2 siecles...
Le mariage semble tres europeanise. La blanche mariee a la peau cuivree.
















mercredi 29 octobre 2008

Entracte



Voila, mon salon s est equipe d un tapis anti tache de vin. (bien plus efficace que le beige precedent...)
Avis donc aux amateurs desireux d etre les prochains a vouloir en profiter.

lundi 27 octobre 2008

Ouzbekistan, suite (2)



Vendredi 2 Aout: Mer d Aral, Port de Mouinaku:

Nous sommes sur la rive de ce qui fut un littoral inmmensemment riche. Desormais pratiquement tarie, la mer etait vitale pour Mouinaku, port legendaire pour ses peches miraculeuses il y a encore quelques decennies, ainsi que pour des centaines d autres plus petits villages pecheurs ici en Ouzbekistan ainsi qu en face, au Kazakstan. Dorenavant isolees et sans ressource, les menages ont eclates. Pour subvenir aux besoins de leurs familles, les hommes ont dû emmigrer vers le Kazakstan, actuellement en pleine croissance economique, ou en Coree ou l'industrie automobile compte beaucoup sur le marche d'Asie Centrale.
Face a nous, jusqu a l invisible horizon, se dresse un desert pestilentiel. Entre lui et nous une rangee de bateaux abandonnes a meme le sable, laves de toute peinture par le sel evoluant avec le vent, semble attendre ici un improbable retour des eaux. Leur interminable attente s est cependant changee en agonie. Leur deliquescence physique les fait meme passer pour morts...
Ils ne sont desormais plus que l effrayant symbole de la folie communiste stalinienne.
Nous parcourons ce cimetiere nous brulant les pieds sur un sable desseche et incandescent, ecrasant des restes de coquillages blanchis par l indomptable soleil. La temperature est etouffante, le cadre est exsangue, l atmosphere est morbide.
La colere, l ebahissement, la terreur, se melent a ma jouissance ephemere. Je veux m abreuver de ce lieu mais je suis au coeur d une source empoisonnee. Miyuki tourne de l oeil. La prise de contact fut trop brusque, trop pleine, trop inique.
Nous decidons de repartir rapidement, abandonnant l idee de loger et meme de visiter ce village moribond. Nous voulons courir retrouver le confort amnesique de notre hotel.

Samedi: Musee des beaux-art Stavisky de Nukus. Collection impressionnante. L avant-garde Russe y est tres presente ( Echeistov, Le Dantu... ). Nous devons etre quatre visiteurs en tout.



Dimanche: Ce matin nous prenons l avion pour retourner a Tashkent a 11h45. C est un vol domestique, les controles de securites devraient donc etre moins long que lorsque l on sort ou rentre dans le pays (2 ou 3h a perdre selon l affluence). Nous arriverons donc seulement 30 min en avance pour l enregistrement.
A 8hoo nous degustons notre petit dejeuner ouzbec sur la terrasse ombragee du Jipek-Joli, notre hotel. Un repas principalement compose de pain (5 sortes differentes) et de the vert ouzbek, aigre mais desalterant. Miyuki fait rechauffer le curry en sachet 7/11 qu'elle a apporte de Tokyo. Nous finissons peu apres 9 heures, discutons avec le staff de l hotel puis partons visiter le bazar.
Jusqu a present je me demandais constamment ou se trouvait la population de cette eparse ville. Outre l avenue principale empruntee prealablement, les passages adjacents ne se comblaient jamais de presences villageoises rassurantes. Ces rues subtanciellement vides m'intriguaient beaucoup. Notre excurion matutinale fut revelatrice.
En nous approchant du bazar la concentration automobile se densifie. Les passants redoublent. La surprise est totale en arrivant devant les grilles du souk. Des milliers de personnes se pressent devant des centaines d etals de toutes sortes. Les marchands d ampoules, d epices, de vetements, de cordes, de copies de dvd de films russes improbables, de seaux, de fruits inconnus, de viandes depecees dans l instant, de the, de reves, se succedent et s'enchevetrent dans les plus belles arabesques bigarrees. Tout se vend et s achete ici, dans ce marche ouvert chaque jour. En effet, ici il n y a pas d entreprise, pas de societe, pas d homme d affaires en costume trois pieces. Le secteur tertiaire est ici un fantasme d economiste eleve aux reves occidentaux. C est l'Ouzbekistan. Le negoce est le moteur economique du pays. Tout le monde est donc toujours planque au bazar, recherchant de quoi s equiper ou de quoi fournir les paysans de villages plus recules.
Nous parcourons ce dedale serpentin enjoues par l entour. Nous n achetons rien, les plaisirs sensoriels sont notre satisfaction.
Retour a l hotel, court entretien avec le personnel anglophone de l hotel, echange de mails et de promesses illusoires, photos souvenirs et depart pour l aeroport.
Dans l avion, rien si ce n est l incessant ronflement des militaires lourdement armes a l arriere de l appareil, constante pour tous les vols internes...





















samedi 25 octobre 2008

Ouzbekistan, suite. Extraits de mon carnet de voyage



2ème jour, mer d'Aral:

Depart pour l ouest ouzbek, nous allons a la recherche de la plus grande catastrophe ecologique mondiale, le site desole de la mer d'Aral, tarie et oubliee. Nous avons decide de gagner Nukus puis prevoyons ensuite de rejoindre la region d'Aral en taxi, un trajet de quelques 200 km

Une heure trente depuis le décollage de Tashkent dans cet infernal coucou. Nous volons dans de filandreux nuages sans ombre qui nous rendent le paysage plus fantomatique qu'il ne doit l être. Le sol est jonche de plaques de sel étincelantes, abandonnées ici et la par une ultime marée. Le sol vu du ciel est ocre et brun clair. Les lacs de sel sont titanesques et noient la ligne d horizon sous un nacre pernicieux. Quelques routes transpercent le désert d une rectitude machinale et infinie. Les bateaux ou habitations tant recherchées sont invisible même pour le zoom de l appareil photo. Quelques taches sombres, mystérieuses parcellent le sol désole.
Plus nous avançons et plus le sel devient indivisible du paysage gangrené. Les plaques couvrent désormais environ 70% de mon espace visuel.
Un désert de sel oublie au sein d'un désert de sable, le blanc vénéneux au coeur du beige stérile, une vision horrible d'un paysage monstrueusement inoubliable.
Nous nous écartons de cette mer fantôme, nous reprenons le cap de Nukus ou nous devrons trouver un taxi assez intéressé pour nous accompagne dans un périple désertique de 400km...

Nukus:

Nous trouvons rapidement un taxi a l aéroport. Une cinquantaine bien tassée, tout en rides profondes comme creusées au couteau, les ray-ban bien ancrées sur un nez ébène. Il nous emmène dans un petit hôtel ou un jeune réceptionniste a la peau brûlée et a l'hospitalité débordante et ambitieuse, nous offre une chambre qui n a d'incroyable que le prix.
Il parle anglais.
Un déjeuner lestement avale et nous voici sur l énorme route qui doit nous emmener jusqu'à l'objet d'un de mes rêves orientaux.
Le ciel d'un bleu sable s'accompagne d un soleil féroce qui nous corrode désagréablement. La population locale, habituée, ne s en soucis pas et vaque allègrement a ses occupations mercantiles sous 45 brûlants degrés...
La route, réplique sureelle de celle décrite dans "Kim" par Kipling, relie Nukus a Mouinaku quelques 200 km plus loin. Entre ces deux villes un vide urbain et un océan de sable. Elle n en est cependant pas moins vivante, bouillonnante, mais aussi malsaine pour tout étranger a la peau trop sensible. Les Lada recouvrent le bitume de leurs ostentatoires décennies quand nous offrons aux autochtones la vision de notre taxi bourgeois, une Nexia. Les camions russes, les Moskvitch defoncees, les motos, les vélos, les piétons, tout le monde se mélange dans un bel imbroglio et participe aux fecondes vibrations de l avenue.
Au sortir de Nukus la route est longiligne comme dans un road movie texan, infinie comme le désert qui nous entoure. Elle est néanmoins bordée d'une nature éparse, principalement composée d'arbustes verts ou fauves, et de quelques arbres porteurs d ombres salvatrices pour les âmes errantes sur cette infernal chemin suite au pannes repetees de leurs bolides soviets.
Triste ersatz de l'ancienne route de la soie, nous ne croisons que deux grandes bifurcations prête a nous conduire vers d autre destinations de rêve: Une pour le splendide Kazakstan, une pour la mysterieuse Russie.
Plus tard c est une simple et seule ligne de chemin de fer que nous rencontrons. C est d après notre chauffeur l unique ligne du pays, directe pour Tashkent quelques 2500 km plus loin.
Deux heures et demie de route a 120km/h sur une chaussée défoncée, entourée de poteaux électriques en forme de croix, de crucifix, nous avons la sinistre impression d être accompagné dans ce sibyllin odyssée par la desolation et la mort.
Nous arrivons a Mouinaku, ancien port de la mer d'Aral, a 14h30 sous un soleil dévorant. Après la courte traversée de cet irréel village quasiment abandonné, nous arrivons en bout de route au vieux port désolé qui n est désormais plus rien d autre que la fin d 'un monde.
Nous escaladons une dernière colline et la s offre a nous le terrifiant panoramique d un impossible paysage crée par l'homme... (a suivre)



















vendredi 24 octobre 2008

Vacances d ete: Part1, l'Ouzbekistan



La pluie automnale et ses inéluctables nuages froids et cendres ont échu sur Tokyo en début de semaine. L'air s est humidifie et les températures commencent a pâlir. L irrémédiable avancée vers un hiver obscur et austère excite ma mélancolie d un été oriental que nous passâmes, Miyuki et moi, affable, coloré et inoubliable.
Ce voyage qui nous conduisit en Ouzbekistan, Grece et Turquie (Istanbul) nous ouvrit les portes de découvertes culturelles que les belligérants de la troisième guerre mondiale qu'est le Tourisme (cf Michel Serres), ne furent pas en mesure de nous empêcher de gouter.
En effet l'Ouzbékistan, par exemple, est peu assailli de villégiateurs avides, en mal de T-shirt "Université de Nukus", de porte-clés de l'Observatoire d'Ulugh Beg ou de magnet représentant le riche Mausolée de Gour-Emir...
Cependant, Tashkent accueille un lot de visiteurs grandissant que son statut de capitale géographique, économique et politique du pays, et meme de l'asie centrale, encourage allègrement. C est d ailleurs peut être pour cela que nous n y restâmes que quelques dizaines d heures. La ville n a en effet que peut de charme. Outre un marché (commun a chaque ville ou village dans tout le pays) habité d une foule infinie, parcourue d odeurs acres et pénétrantes, mordoré de couleurs indéfectiblement vives et chantantes, outre une architecture soviétique surréaliste et la capacité a engendrer des hommes doués d une bonté et d un manque de tempérance sans égal, cette ville ne représente qu un intérêt mesuré pour le visiteur a la recherche entre autres, comme nous le fumes, des déserts salés du Karakalpakistan ou encore de l Islam historique qui empreignit tant la culture de la Grande Perse de jadis de splendeurs intellectuelles et architecturales.
Notre arrivée a Tashkent le 1er Août se fit donc dans un mélange d exaltation exotique et de légere déception urbaine. La ville est en fait un immense terrain vague, parsemé ci et la d immeubles soviets érigés chaotiquement et souvent inachevés, découpés par 5 grandes avenues de 6 voies chacune, passablement sillonnées par des voitures surannées majoritairement issues de l industrie automobile russe. Dans les quartiers intérieurs bordés par ces abrutissantes avenues, les rues sont de terre et d'asphalte, les maisons souvent laissées incomplètes ou même a l abandon, les commerces pratiquement inexistants et l air inhalé saturé de sable; un sable qui ainsi recouvre la ville et empêche le ciel azur de s épancher sur les habitants. L atmosphère est blafarde, morne, inconsistante mais la chaleur humaine dégagée par ces ouzbeks si bonhommes et souriants est telle que la vie semble y être faste et heureuse.
Une courte nuit passé dans un premier hotel trop luxueux pour nous et nous partions aux aurores a destination de Nukus, la capitale du Karakalpakistan, dans l Ouest sauvage ouzbek...

vendredi 18 juillet 2008

Du mouvement en ete

Nous y sommes, l’été japonais s installe pesamment sur Tokyo, se répand dans le pays comme une pandémie incontrôlable, dans un stupre de chaleur et d humidité monstrueux… Il est donc temps pour les plus sensés d entre nous de partir en vacances loin d ici, de s évader de ce territoire miséreux, bientôt gangrené par d invincibles et abondantes suées aussi bien exotiques que locales…

En attendant donc le salvateur jour du départ, Miyuki et moi passons nos week-end a profiter de nos amis et de la riche nature qui nous entoure. C est ainsi que samedi, après une longue journée de travail pour moi, une douce après midi de détente alcoolisée pour Miyuki, assommes par une atmosphère suffocante, nous avons organise une soirée a la maison, réunissant une quinzaine de japonais soiffards. Une longue nuit donc a boire les paroles amicales comme les idées discordantes, les rires conviviaux comme les décoctions délétères…

Au petit matin, le chant matutinal des bruants et étourneaux alentours alarmant les derniers noctambules, nous nous couchâmes a même les tatamis pour nous réveiller quelques 4 heures plus tard (environ 11h30), abrutis par les résidus de saké et par la température excessive a l extérieur comme a l intérieur de l appartement…

Un prompt nettoyage de la maison et 5 sacs poubelles et 3 litres de sueur plus tard nous pouvions pieusement recommencer a se sustenter de liquides pernicieux. La force supérieur du groupe ( même réduit ) étant un concept indéniable, la motivation nous gagnât et nous transportât quelque 1h et demie plus tard sur la plage de Zushi au sud de Tokyo. Pour vous énoncer la somptuosité du lieu sans avoir recours a de trop prolixes discours, il me suffit, je pense, de vous apprendre que l empereur possède une cyclopéenne maison de campagne juste a la pointe de la plage ou nous étions…

Peu d estivants, un idyllique soleil chaud sans être ardent, une mer flegmatique a la température idéale et aux faibles vagues hennissantes, d uniques amis absurdes au possible et une précieuse femme coruscante comme un parangon, furent pour moi les excellents éléments d une alchimie bienheureuse de fin de semaine.


Le lendemain, jour tant détesté par de nombreux travailleurs (et donc par Miyuki), j avais rendez vous, après quelques formalités a l’ambassade d Ouzbékistan, avec John, Claire et Jonathan, 3 amis français en manque de nature roborative dans ce cœur battant mais bétonné qu est Tokyo.

Nous avions donc prévu une petite sortie au sein d une nature agreste depuis quelques temps et, enfin, avions réussi a mettre d accord nos emploi du temps respectifs. Tokyo étant sur un plateau, les montagnes l entoure, comme Rome et ses septem montes. Nous avions donc décide de grimper notre Janicule a nous, le Takao-san. (« san » voulant dire « Montagne » )

L ambassade d’Ouzbékistan étant comble d agents de voyages ce jours la, je dus donc attendre quelques peu et nous mis en retard. Nous nous retrouvâmes ainsi a 14h00 a Shinjuku pour lancer notre long périple. 1h de train express plus tard et nous étions au pied du mont qui n en est pas vraiment un (699m) par cette même chaleur qui nous vidait les pores le jour précèdent. Peu de vent, des nuages menaçants, de sourdes nitescences orageuses a l horizon, ne présageait rien de bon pour le futur de notre ascension, et les japonais l ayant bien compris avait déjà fui l endroit. Nous nous retrouvâmes donc seuls, perdus parmi quelques touristes coréens hagards. Apres 15 minutes d une réflexion profonde mais aussi d une hésitation sans borne, nous choisîmes, parmi une dizaines de chemins possibles, le sentier le plus long contournant tout le Takao-san, voulant pleinement contenter notre indéfectible appétence de nature parmi tout ce débordement végétal enceignant.

Apres donc un peu moins de deux heures d une montée mettant en scène quelques petit temples éparses, des arbres a profusion, peu de panoramas et la déliquescence physique de John, nous débouchâmes, au sortir d un escalier interminable, sur un désertique sommet somme toute peu attrayant. Crevant délicatement les nuages, le noble couple que formait la pluie et l orage acclama avec retenue notre exploit et nous enjoignit de ne pas trop nous attarder. Nous partîmes donc d un pas alourdi par une fatigue insatiable et utilisèrent un chemin différent, plus direct, pour rentrer. C est ainsi que 10 minutes plus tard nous débouchions sur une fantastique concentration de temples abandonnes des visiteurs, d une splendeur et d un mysticisme indicible sous cette persistante pluie altière. L apogée de cette ésotérique apparition se fit cependant lorsqu un vénérable moine prodigua a la flore alentour les incroyables résonances d une cloche séculaire, empreignant l humide atmosphère de l imperceptible et cérémonieuse présence de déités japonaise tout en nous murmurant silencieusement leur occulte théogonie.

Une centaine de photos plus tard, nous sortions de ce mystérieux endroits, pour continuer notre descente sous un ciel désormais clair de tout nuage mais s assombrissant graduellement, magnifiant ainsi l éclat du disque blanc lunaire presque plein.

Un chemin bitumé raide comme une falaise, des anecdotes scabreuses et le noir sylvestre furent les derniers souvenirs que je gardais de cet atypique et splendide odyssée ainsi que de cet epuisant mais o combien admirable week-end…

mardi 8 juillet 2008

Reprise, resume

Apres quelques mois d un silence pénétrant concernant ma vie sociale et privée japonaise, je me relance dans l écriture de mon inutile blog.

C est qu il s en est passé des choses depuis la rédaction de mon dernier post, 2 mois plus tôt.

Des sorties, des raves, des rencontres, des poilades, des déclics artistiques, des découvertes littéraires, de nouvelles espérances, mais avant tout le commencement de cette inextinguible attente du départ en vacances le 1er Août…

Mai et Juin m ont donc vu etre, sans rentrer dans les détails, tour a tour danseur et alcoolique actif dans les soirées en club ou en extérieur d amis japonais DJ, participant passif a de confuses conférences artistiques, spectateur transi de l immense (en taille comme en talent) Ron Carter au Blue Note Tokyo, fan ingénu récitant un panégyrique monstrueux et serrant affablement la main de ce même géant thaumaturge, jouteur oral inefficace de bien des discussions en français, lecteur illuminé par Borges, émerveillé par Goethe, Melville, Michel Serres, Hemingway, Kipling, De Quincey…, artiste en manque ostensible d inspiration face a un galiériste japonais intéressé par mes collages, profiteur cupide d’après-midi ensoleillées passées a épancher mon prurit de langueur dans les hautes herbes du parc de Kinuta accompagné de ma douce et de potes tout aussi torpides, illustrateur confirmé mais artiste hasardeux, visiteur bienheureux d une expo Bauhaus et d une rétrospective Avant-garde Russe, ami déçu du départ prochain de pairs, arpenteur infatiguable de bitume tokyoite urbain, pastoral ou encore oceanique, mais surtout, plus prenant que tout le reste, Grand Organisateur de notre odyssée estivale au cœur des ex grands empires orientaux, j ai nomme l Ouzbékistan, la Turquie et la Grèce… Un voyage qui mérite bien son propre post tant la quantité de détails géographiques, historiques et fantasmagoriques est abondante.

Le rapide et court résume de mes 2 derniers mois étant formule, la suite de mes futures pérambulations musulmano-orthodoxes dans un prochain message.

mercredi 23 avril 2008

Florilege de photos

Avant mon court retour en France je voulai vous faire partager quelques unes des photos anecdotiques prisent au cours des derniers mois.


A dix minutes du coeur de Tokyo, a cote de chez moi... des pans entiers de campagne!



Les japonais rois de l extreme: les rames de metro interminablement elances et les trains resumes...


Mon frigo dans ses grands jours: De la biere et de la moutarde...


Un Cube Incomplet de l artiste americain disparut l annee derniere Sol Lewitt. J ai souvent epouse l idee de l ouverture et du desequilibre de ses "structures" minimalistes dans mes propres dessins.


La politique commerciale au Japon pour les nuls en 1 lecon...


Oh le beau paquet de bonbons a l air con.


Le monde est decidement petit. Une boulangerie "Arpajon" a cote de chez moi... J avoue avoir ete particulierement surpris.


Et pour finir Miyuki qui porte une echarpe dont la marque n est que tres peu flatteuse et mensongere de surcroit...