mardi 11 novembre 2008

Ouzbekistan, denouement



Samarkand:

Nous consacrons notre mardi a la visite de la ville. Les sites religieux ancestraux, les mausolées de grands rois oubliés, de philosophes occultes, de dauphins décédés de malemort, de femmes splendides, jalousement et pieusement aimées, les écoles coraniques et autres glorieux lieux immemorés sont légions dans cette ville séculaire innondée de soleil et baigne de sable céleste.

Le mausolée de Guri Amir:
Grande porte d entrée sur la cour du mausolée assez massive, toute mosaiquée dans des tons bleus et blancs. Le linteau est en cours de rénovation. L enceinte extérieure purificatrice est détruite, seuls restent la chambre funéraire et quelques couloirs adjacents. Le plâtre neuf de ces corridors contraste grossièrement avec la finesse des motifs infiniment détaillés des fresques intérieurs bleues et or de la chambre mortuaire. 5 sarcophages au centre de cette pièce carrée surmontée d une profonde coupole chamarrée d arabesques étincelantes. 4 alcôves pour la méditation et la prière.
Nous ressortons par une petite poterne derrière la chambre et apprécions le riche bleu turquoise du dôme extérieur.

Mausolée de Luhabade:

Murs de la cour extérieure en bon état, pour mieux cacher la décrépitude du lieu.Quelques boutiques occupent d anciennes pièces percées a même les murs, l enceinte du fond n existe plus, le mausolée principal est en ruine, la pierre brune est a nue. Impossible de pénétrer le lieu. Peu d intérêt.

Le Registan, 3 madrasahs (école coranique):

Une place carrée circonscrite sur trois cotes par de gigantesque portes (iwan) donnant chacune sur une cour ombragée par un jardin central. Les murs des cours intérieurs renferment les lieux d habitations des élèves, une simple chambre nue au mur de chaux. Une pièce légèrement plus grande que les autres dotée d une cheminée et de quelques étagères était attribuée au professeur. Les cours se donnaient dans la plupart des cas dans la chambre du professeur. La porte y est basse et les murs épais pour favoriser une isolation salvatrice pendant l écrasant été et l effroyable hiver sibérien qui recouvre cette partie du monde.
Désormais tout est habité par des vendeurs de souvenirs enlaidissant l aura du monument mais le gratifiant de couleurs éclatante et lui redonnant vie.
Chaque cour a sa spécificité:
A gauche de la place, dans la Madrasah d Ulugh Beg:
Une des plus grande université coranique du 15eme siècle, les murs protègent des dortoirs, une petite mosquée et originellement 4 darskhonas (salle de lecture). Deux élégants minarets domine le spectacle. De chaque cote de la cour, pour répondre a la résonance de l Iwan principal, un autre Iwan mosaïquée harmonise l ensemble. L un d eux contient un ensemble de statues représentant Timour (1er roi de Samarkand de la dynastie des Timourides, initiateur d une grande Samarkand artistique et culturelle), ses conseillers et Ulugh beg, grand astronome et mystique, fondateur de l école. L obligatoire barbe et les turbans identiques les rendent inidentifiables. Les seuls positionnement nous transmettent leur statut social et nous apprennent leur identité.

Au centre, la madrasah de Tillya-Kori:
Élevée au 17 eme siècle, elle imite parfaitement l architecture de la madrasah d Ulugh Beg. A l intérieur, sur le mur de droite, une ouverture béante appelle le fidèle a se recueillir dans une mosquée aux fines enluminures bleu et or. La coupole de 20 mètres environ est un superbe océan outremer nuancé de flavescences de vieil or.
La frondaison du jardin intérieur nous offre de larges étendues ombragées. L air y est frais, protégé et épuré de cet implacable sable habituellement viciant l atmosphère de la ville. Nous nous y reposons et discutons avec un Ouzbek anglophone et érudit. Il nous conte l histoire du lieu, du pays, les faits et légendes célèbres de Samarkand et de la grande dynastie des Timourides. Nous y apprenons entre autres que la place du Registan était autrefois tristement célèbre pour les empalements qui y avait lieu. Le nom de la place vient d ailleurs de l adjectif "ensablé" en Perse, car des monceaux de sable y était déversés pour absorber le sang des condamnés ruisselant sur le marbre...

A droite, Madrasah de Sher-Dor
Bâtie au même moment que celle de Tyllia Kori, l iwan principal est célèbre dans le monde mahometan car surmonté d une blasphématoire représentation de créatures vivantes (ici un tigre, un soleil et une biche), sujet rigoureusement interdit sur tout édifice religieux musulman.
Le bâtiment est lui en cours de reconstruction. Beaucoup de ruines. Mosaïques non achevées.

Mosquée Bibi Khany:

Après déjeuner nous nous dirigeons vers cette titanesque mosquée. Les murs extérieurs sont en bon état si l on les compare a l intérieur. En effet les autorités se sont concentres sur la reconstruction apparente de l édifice. Ainsi la Grande porte, démesurée, pour accéder a la cour intérieure est belle, achevée, colorée, mosaïquée, lourde.
Le jardin est grand mais pauvre. Autour rien. Le bâtiment principal est impénétrable et tremble dans ses proportions dantesques faussement harmonieuses. Les mosaïques ne font que rajouter une charge inutile a l ensemble. Les deux édifices a droite et a gauche de l entrée ont visiblement brulés et les peintures premières transpirent a peine des murs noircis. Deux ouvriers esseulés s attache a la rénovation du site.

Bazar:

Il y a la plus de monde, de cris, d odeurs que dans le reste de la ville. Moins grand que celui de Nukus. il offre aussi moins de dépaysement. L odeur méphitique des ordures en putréfaction dans les caniveaux nous fait fuir.

Nécropole coranique royale du 11eme au 16eme siecle Shah i Zindeh

Au sortir d un escalier hautement symbolique, une vingtaine de mausolées alignés et se faisant face forme une rue d architecture édénique. Les tombeaux se renvoient leurs harmonies endommagées. Une série de princes, princesses, reines et rois offrent a l intéressé les merveilles de leurs dernières demeures éternelles.
L éblouissement est bleu, constant, profond, serpentin, divin et historique. La magie des milles et une nuits anime cet intraduisible paysage.

La vieille ville.
Nous rejoignons notre hôtel en nous échappant des artères principales et en outrepassant l obscénité affichée des murs cernant la ville pauvre et cachant la réalité au touriste béat.
La vieille ville est crasse, abandon, vie et joie. Les enfants comme les gérontes nous apostrophent dans le seul anglais qu ils connaissent: Where are you from? Ils veulent parler communiquer, échanger mais notre méconnaissance du dialecte local est trop parlante et après quelques sourires confus et quelques dialogues absurdes nous reprenons l exploration de ces bas fonds. Les maisons sont de brique, sans isolation apparente, les trous dans les murs sont légions et les cadres des fenêtres ne se fondent pas dans l ossature des maisons. Les rues sont par endroits goudronnées, sinon de terre, totalement laissées a l abandon. Les crevasses se joignent aux mondrains pour empêcher toute voiture de pénétrer ce quartier perdu si opposé a la richesse antique exposee a l extérieur.
Beaucoup de charme humain et d exotisme morbide.

Après le diner repos sur un banc place du Registan. Rencontre de locaux, beaucoup d enfants et de rires aux éclats partages. 2 heures de bonheur oublieux de l incompatibilité de nos idiomes.

Le lendemain sonne le glas de notre trop court périple ouzbek. Retour en train a Tashkent. Manquons de rater l avion pour Athènes du au fanatisme sécuritaire exacerbant et incompréhensible des douaniers et policiers ouzbeks avant l embarquement.
Arrivée a Athènes a 19h00. Nous descendons a l hôtel Delta, hôtel au charme désuet, rustique et modeste pour un prix convenable.
Sitôt pris possession de la chambre, nous nous endormons écrasés par le poids des kilomètres engloutis et des souvenirs magnifiquement glanés.