lundi 27 octobre 2008

Ouzbekistan, suite (2)



Vendredi 2 Aout: Mer d Aral, Port de Mouinaku:

Nous sommes sur la rive de ce qui fut un littoral inmmensemment riche. Desormais pratiquement tarie, la mer etait vitale pour Mouinaku, port legendaire pour ses peches miraculeuses il y a encore quelques decennies, ainsi que pour des centaines d autres plus petits villages pecheurs ici en Ouzbekistan ainsi qu en face, au Kazakstan. Dorenavant isolees et sans ressource, les menages ont eclates. Pour subvenir aux besoins de leurs familles, les hommes ont dû emmigrer vers le Kazakstan, actuellement en pleine croissance economique, ou en Coree ou l'industrie automobile compte beaucoup sur le marche d'Asie Centrale.
Face a nous, jusqu a l invisible horizon, se dresse un desert pestilentiel. Entre lui et nous une rangee de bateaux abandonnes a meme le sable, laves de toute peinture par le sel evoluant avec le vent, semble attendre ici un improbable retour des eaux. Leur interminable attente s est cependant changee en agonie. Leur deliquescence physique les fait meme passer pour morts...
Ils ne sont desormais plus que l effrayant symbole de la folie communiste stalinienne.
Nous parcourons ce cimetiere nous brulant les pieds sur un sable desseche et incandescent, ecrasant des restes de coquillages blanchis par l indomptable soleil. La temperature est etouffante, le cadre est exsangue, l atmosphere est morbide.
La colere, l ebahissement, la terreur, se melent a ma jouissance ephemere. Je veux m abreuver de ce lieu mais je suis au coeur d une source empoisonnee. Miyuki tourne de l oeil. La prise de contact fut trop brusque, trop pleine, trop inique.
Nous decidons de repartir rapidement, abandonnant l idee de loger et meme de visiter ce village moribond. Nous voulons courir retrouver le confort amnesique de notre hotel.

Samedi: Musee des beaux-art Stavisky de Nukus. Collection impressionnante. L avant-garde Russe y est tres presente ( Echeistov, Le Dantu... ). Nous devons etre quatre visiteurs en tout.



Dimanche: Ce matin nous prenons l avion pour retourner a Tashkent a 11h45. C est un vol domestique, les controles de securites devraient donc etre moins long que lorsque l on sort ou rentre dans le pays (2 ou 3h a perdre selon l affluence). Nous arriverons donc seulement 30 min en avance pour l enregistrement.
A 8hoo nous degustons notre petit dejeuner ouzbec sur la terrasse ombragee du Jipek-Joli, notre hotel. Un repas principalement compose de pain (5 sortes differentes) et de the vert ouzbek, aigre mais desalterant. Miyuki fait rechauffer le curry en sachet 7/11 qu'elle a apporte de Tokyo. Nous finissons peu apres 9 heures, discutons avec le staff de l hotel puis partons visiter le bazar.
Jusqu a present je me demandais constamment ou se trouvait la population de cette eparse ville. Outre l avenue principale empruntee prealablement, les passages adjacents ne se comblaient jamais de presences villageoises rassurantes. Ces rues subtanciellement vides m'intriguaient beaucoup. Notre excurion matutinale fut revelatrice.
En nous approchant du bazar la concentration automobile se densifie. Les passants redoublent. La surprise est totale en arrivant devant les grilles du souk. Des milliers de personnes se pressent devant des centaines d etals de toutes sortes. Les marchands d ampoules, d epices, de vetements, de cordes, de copies de dvd de films russes improbables, de seaux, de fruits inconnus, de viandes depecees dans l instant, de the, de reves, se succedent et s'enchevetrent dans les plus belles arabesques bigarrees. Tout se vend et s achete ici, dans ce marche ouvert chaque jour. En effet, ici il n y a pas d entreprise, pas de societe, pas d homme d affaires en costume trois pieces. Le secteur tertiaire est ici un fantasme d economiste eleve aux reves occidentaux. C est l'Ouzbekistan. Le negoce est le moteur economique du pays. Tout le monde est donc toujours planque au bazar, recherchant de quoi s equiper ou de quoi fournir les paysans de villages plus recules.
Nous parcourons ce dedale serpentin enjoues par l entour. Nous n achetons rien, les plaisirs sensoriels sont notre satisfaction.
Retour a l hotel, court entretien avec le personnel anglophone de l hotel, echange de mails et de promesses illusoires, photos souvenirs et depart pour l aeroport.
Dans l avion, rien si ce n est l incessant ronflement des militaires lourdement armes a l arriere de l appareil, constante pour tous les vols internes...





















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